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Le bilan de compétences, comment ça marche ?

Sur : https://start.lesechos.fr

De ringard, le bilan de compétences est en train de devenir le must-have du (dé) confinement. L’outil séduit les tourmentés du sens au travail comme les indécis en quête d’un emploi ou les partisans d’un changement de vie. Mais que se cache-t-il vraiment derrière ce dispositif ?

Plus d’un Français sur deux (55 %) pense que la crise du Covid a eu des répercussions sur le sens qu’il accordait à son travail, particulièrement chez les jeunes (61 % des 18-24 ans), selon une enquête Monster/Yougov réalisée fin avril dernier. Un quart se dit même prêt à « faire quelque chose pour changer leur quotidien ». Par exemple, en prenant de nouvelles responsabilités, en s’engageant dans des projets extra-professionnels, voire en entamant une reconversion. Du pain béni pour les consultants en gestion de carrière qui se retrouvent à gérer un boom de demandes de bilans de compétences .

Un booster de carrière et de confiance en soi

Soyons clairs, le bilan de compétences ne se révèle pas seulement utile pour valider une radicale reconversion professionnelle comme Martin qui a quitté la banque pour devenir brasseur ou Pauline qui a plaqué son master d’histoire de l’art pour un métier manuel . Il peut aussi s’envisager pour changer d’entreprise ou de région, rebondir en interne dans sa propre société, renouer avec le marché du travail après une pause, créer une entreprise, retourner sur les bancs de l’école, mieux se connaître…

Karen, digitale manageuse dans une société de conseil en ingénierie, voit le bilan de compétences comme « une parenthèse pour réfléchir à (s) es envies, (se) redonner aussi confiance en (elle). Peut-être trouver un job plus en accord avec (s) es contraintes familiales, (s) es valeurs. On verra. » La jeune femme se pose pas mal de questions sur son avenir professionnel, « d’autant plus qu’avec la crise, une menace de restructuration plane sur mon entreprise », confie-t-elle.

Pour les salariés, les chômeurs et… les femmes !

Le bilan de compétences est accessible à tous, quel que soit votre âge, votre niveau d’études, votre statut : salariés en CDI et en CDD (sous certaines conditions), demandeurs d’emploi, intérimaires, salariés de la fonction publique, indépendants et depuis avril dernier, salariés en activité partielle (hors alternants). Une bonne nouvelle pour les huit millions de Français concernés.

Il existe même un bilan de compétences « 100 % féminin » lancé en 2011 par le cabinet 5A Conseil à Paris. « Les femmes rencontrent des problématiques spécifiques au cours de leur carrière, argumente la chargée de relation client Marine Brault au cours d’un webinar de présentation. Elles gagnent moins que les hommes, elles sont dans des secteurs d’activité où les salaires moyens sont les plus bas, elles font face à des interruptions de carrière notamment à cause de congés maternité, elles s’occupent davantage de la maison et des enfants que les hommes. C’est pourquoi nous avons développé une approche et une expertise unique en France sur ce public ». Et le succès est au rendez-vous : les 40 consultantes coachs du cabinet (qui ont elles-mêmes expérimenté une réorientation professionnelle ou réalisé un bilan de compétences) accompagnent 1.000 femmes par an en ligne et en face-à-face. Selon 5A Conseil , 98 % d’entre elles se disent satisfaites de cet accompagnement.

C’est long et intense

Inscrit dans le Code du travail ( article L 6313-10 ), le bilan de compétences est une prestation très cadrée. Il dure au maximum 24 heures réparties sur plusieurs semaines selon votre disponibilité. Attendez-vous à faire le point régulièrement avec votre consultant attitré, à passer des tests de personnalité, à plancher sur des exercices pédagogiques et à fournir un travail personnel soutenu. A la fin de la prestation, votre consultant vous remet une synthèse écrite et confidentielle avec les résultats détaillés de votre bilan et un plan d’action.

« C’est une démarche introspective sur le long terme, car un processus de reconstruction professionnelle nécessite du temps pour mûrir son projet et beaucoup d’investissement personnel », avertit Yves Deloison, auteur du livre Réussir sa reconversion . Une réalité confirmée par Richard, 41 ans en reconversion dans l’immobilier après avoir été chef d’équipe dans le BTP. « C’est très enrichissant, très intense aussi. Entre chaque rendez-vous avec ma consultante, je devais faire pas mal de recherches, contacter des professionnels, cibler des entreprises. Il fallait que je confronte mon envie de changer de métier à la réalité du marché. Les tests m’ont aussi beaucoup appris sur moi, sur mes qualités, mes défauts. J’ai pu mettre des mots sur des compétences que je n’avais même pas identifiées auparavant. Une révélation ! ».

Attention au choix du prestataire

Avant d’entamer un bilan de compétences, soyez vigilant sur le choix de l’organisme, qui peut être privé ou public. « Présélectionnez deux ou trois structures mais ne vous contentez pas de prendre en compte leur seule localisation géographique, prévient Yves Deloison, également créateur du site Toutpourchanger.com. Vérifiez la qualité de la prestation proposée et la pertinence de l’offre au regard de vos attentes : la démarche, les méthodes, les outils… ».

Pour s’assurer du professionnalisme du cabinet, contrôlez s’il est agréé par le Fongécif (Fonds de gestion des congés individuels de formation, rebaptisé Transitions Pro depuis le 1er janvier 2020) ou par l’ OPCA (organisme paritaire collecteur agréé) de votre entreprise. Ensuite, demandez un entretien gratuit et sans engagement avec le conseiller qui vous accompagnera durant les semaines du bilan. « Il faut que vous vous sentiez en confiance, indique Yves Deloison, ex-consultant en bilan de compétences. Pour autant, l’accompagnateur n’a pas vocation à vous dire ce que vous devez faire, ce n’est pas non plus votre psy. Il doit rester le plus neutre possible. S’il vous guide de trop, méfiez-vous. Il doit vous donner les moyens de repérer par vous-même les solutions qui vous conviennent. N’oubliez jamais qu’au final c’est à vous de prendre les décisions ! »

Plusieurs solutions pour financer son bilan

Le prix d’un bilan de compétences varie selon le cabinet qui le dispense. Comptez un minimum de 1.500 euros, tout dépend ensuite du nombre d’heures d’accompagnement et des outils proposés. Si vous êtes salarié, vous pouvez financer en partie ou à 100 % votre bilan de compétences via votre CPF, Compte personnel de formation (l’ancêtre du DIF) ou par le Fongecif/Transitions Pro.

« Vous n’êtes pas obligé d’informer votre employeur, à moins que vous ne souhaitiez faire votre bilan sur votre temps de travail, auquel cas il vous faudra son accord », souligne Sandrine Kirklar, directrice générale du groupe ADH.

Autre possibilité : demander à votre boss un coup de pouce financier, pouvant s’intégrer dans le plan de formation. Une demande à formuler – dans l’idéal – pendant l’entretien annuel d’évaluation . Dans ce cas, le bilan peut se dérouler pendant ou en dehors de vos heures de travail. Votre rémunération n’est maintenue que si le bilan est réalisé sur le temps de travail. Si vous êtes demandeur d’emploi, vous pouvez puiser dans votre CPF et/ou demander une prise en charge via l’AIF, l’Aide individuelle à la formation de Pôle emploi. Quel que soit votre statut, comptez plusieurs semaines avant de ficeler votre dossier de financement, surtout en cette période de déconfinement progressive.

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